Cosmétiques et toxicité : ce que vous devriez savoir
Il y a 30 ans, nous prenions conscience grâce à des enquêtes médiatisées de la dégradation de notre alimentation par l’industrie agroalimentaire et l’agriculture extensive.
Aujourd’hui, les consommateurs que nous sommes se sont réappropriés l’alimentation saine et sourcée ; les grandes et moyennes surfaces de vente n’ont plus le monopole de nos achats. Désormais, nous pouvons choisir notre mode alimentaire en conscience.
Dans le domaine de la cosmétique, le manque d’information et la confiance des consommateurs me rappelle ce que nous sachions de l'agroalimentaire il y a plus de 20 ans… La marge de progrès est par conséquent encore grande.
De nombreux clients de passage à l’atelier à qui nous détaillons la fabrication des cosmétiques classiques versus industriels sont abasourdis par ce qu'ils découvrent.
Mon sentiment est qu'il est indispensable de nous réapproprier les savoirs pour faire les bons choix, et ne plus laisser les fabricants de produits matières premières ultra transformées guider nos achats dans l’ignorance grace au marketing.
Difficile de s'y retrouver...
En premier lieu, la chimie des cosmétiques est obscure pour la plupart d’entre nous, et cela est tout à fait normal, car les principes de fabrication de base ne sont pas relayés. La réalité des méthodes et des filières n’a jamais été médiatisée.
D’autre part, il est quasiment impossible pour quiconque de comprendre une liste d’ingrédients en langage INCI (anglais-latin).
Or la liste des ingrédients cosmétiques est tout aussi importante que celle des biscuits pour enfants , car tout ce que nous posons sur notre peau rentre inévitablement dans le milieu interne du corps, à petite dose et journalièrement, cela fait beaucoup, beaucoup trop…
Cela concerne aussi bien les cosmétiques lavants (gels douches, savons sans savons...) que non lavants (crèmes de jour, maquillage...)
L'impact est pourtant bien réel
Selon une étude de « Campaign for safe cosmétics » (https://www.safecosmetics.org/), en appliquant du rouge à lèvre ou du baume à lèvre type Labello pendant plusieurs années, c’est environ 5 kg de paraffine et métaux lourds ingérés par une femme en une vie !
61% des 33 marques de rouge à lèvre américaines les plus vendues contiennent du plomb bien au-dessus des seuils autorisés.
Nous avalons chaque jour nos cosmétiques tout autant que nos aliments, sans nous en rendre compte mais avec des conséquences invisibles et pourtant bien réelles.
Les ingrédients des cosmétiques se retrouvent inévitablement dans vos organes.
Comment est-ce possible ?
Tout simplement parce que tant que ce n’est pas interdit, c’est autorisé !
Pour vous permettre de vous y retrouver, voici une liste non exhaustive
de 19 catégories d’ingrédients que vous devez éviter dans vos cosmétiques
Alcohol
Irritant, asséchant et surtout s’il se trouve en haut de la liste des ingrédients.
Le Benzyl Alcohol a en plus la propriété d’être inflammable. Utilisé comme conservateur même en Bio.
INCI : Alcohol, Alcohol denat, Benzyl Alcohol (Cosgard).
Alkylphénols
Agent émulsifiant.
Soupçonné de diminuer la fertilité et d’agir sur le fœtus.
Perturbateurs endocriniens potentiellement cancérigène, impact sur l’ADN.
INCI : Nonylphénol, Nonoxynol, Octylphénol, Propylphénol
BHA et BHT
Antioxydant et conservateur.
Présent dans les crèmes hydratantes et les rouges à lèvres.
Perturbateur endocrinien, cancérigène.
INCI : E320
DEA
Correcteur d’acidité.
Substance cancérigène.
INCI : Cocamide DEA, Lauramide DEA.
Dioxyde de titane
Colorant minéral issu de roche d’Ilménite ou de Rutile et transformé industriellement grâce à l’acide sulfurique ou au chlore.
Présent dans les cosmétiques colorés de blanc : crèmes solaires, dentifrices, savons, mousses à raser… grâce à son pouvoir colorant et opacifiant très fort.
Il se présente sous la forme de nano particules dont la particularité est de se loger au cœur des cellules du corps humain et de ne plus en sortir.
Interdit en usage alimentaire et médical (support de médicaments) depuis 2020.
Classé cancérigène probable et perturbateur endocrinien.
INCI : CI77891, Titanium Dioxide,
EDTA
Agent moussant, séquestrant (anticalcaire)
Présents dans les colorations pour cheveux, après-shampooing, masques pour cheveux.
Il est souvent employé dans les savons, bains moussants ou gels douche pour créer artificiellement de la mousse.
Très irritant, asséchant pour la peau. Peut provoquer des démangeaisons plusieurs heures après son utilisation.
Impact sur l'environnement désastreux : non biodégradable et extrêmement nocif pour la nature. Les stations d'épuration ne le retiennent pas et le laissent fuir dans nos rivières.
Il transporte avec lui des métaux lourds, dont on ne connaît pas la destination finale.
L'EDTA et ses sels sont interdits en bio.
INCI : Disodium EDTA, Tetrasodium EDTA, Trisodium EDTA
Ether de glycol
Solvant utilisé dans les parfums.
Très irritant pour la peau. Allergène. Perturbateur endocrinien soupçonné d’être cancérigène et de générer des troubles de la reproduction chez l’homme.
INCI : Phénoxytol, 2-phénoxyéthanol.
Huiles minérales
Remplacent les huiles végétales dans la fabrication de crèmes pour des cosmétiques à bas coûts ou à forte marges.
Issues de la pétrochimie. Elles forment un film occlusif sur la peau et sont très néfastes.
INCI : Mineral Oil, Cera Microcristallina, Petrolatum , Paraffinum liquidum, …
Libérateurs de Formaldéhyde
Conservateur.
Le formaldéhyde est un agent cancérigène reconnu. Irritant et allergisant.
INCI : Methenamine ,Quaternium-15, DMDM hydantoin, Diazolidinyl urea, Imidazolidinyl urea,
Micas
Colorants minéraux et synthétiques.
le terme générique de "mica" est utilisé pour les colorants cosmétiques.
Souvent irisés ou flashy, ils sont très utilisés dans toutes sortes de maquillages (poudres ou rouges à lèvres), même en Bio.
Ils sont réalisés à partir de la pierre de Mica (alumino-silicate), récoltée pour 80% de la production mondiale en Inde, dans des mines à ciel ouvert, par des femmes ou des enfants.
Les micas sont ensuite chauffés avec des métaux lourds (aluminium, plomb…). Sont ajoutés à cela du dioxyde de titane, de l'oxyde de zinc ou d'étain pour obtenir différentes couleurs.
Ils contiennent de fortes proportions de métaux lourds à la toxicité avérée.
INCI : CI 770019, et autres très nombreux (autant qu’il y a de colorants)
Méthylisothiazolinone
Conservateur
Fort pouvoir irritant et allergisant.
INCI : Methylisothiazolinone, MIT, Kathon CG.
Parabènes
Conservateurs.
Perturbateurs endocriniens, potentiellement cancérigènes soupçonnés pour le cancer du sein.
Très décriés, ils ont largement disparu des cosmétiques, remplacés par d’autres conservateurs tout aussi agressifs.
INCI : E214 à E219, Propylparaben, Butylparaben, Methylparaben, Ethylparaben, parahydroxybenzoate de propyle, parahydroxybenzoate de méthyle.
PEG
Agents tensioactifs (lavants, moussants), émulsifiants ou humectant.
Ils apportent une certaine consistance pour les crèmes. Fabriqués à partir de procédés chimiques qui utilisent des gaz toxiques soupçonnés d’être cancérigènes.
INCI : PEG-100, PEG-40, PEG-8,PEG-6,Polyéthylène glycol (PEG), Polypropylène Glycol (PPG),
Phtalates
Fragrances ou parfums.
Perturbateurs endocriniens, soupçonnés d’être cancérigènes.
INCI : terminaison en -Phtalate, Diisodecylphtalate, Parfum, Fragrance.
Sels d’aluminium
Anti-transpirants.
Cancérigènes. Ils bouchent les pores de la peau, empêchant ainsi la sueur d’être évacuée normalement. Présents dans les déodorants, dentifrices, médicaments …
A long terme, provoquent des effets néfastes sur le système nerveux.
INCI : Aluminium.
Silicone, cires et huiles de
Donnent un effet lisse et glissant aux cheveux et à la peau. On les retrouve dans les fonds de teint et shampoings, après-shampoings.
Très dégradantes pour l’environnement.
INCI : Phenyl trimethicone, Stearyl dimethicone, Dimethicone, Amodimethicone, Cyclohexasiloxane, Cetyl dimethicone copolyol, …
Sulfates – SLS, ALS, SLSA, SLES
Tensioactifs, émulsifiants.
Perturbateurs endocriniens, cancérigènes probables.
Agents lavants et moussants présents dans les gel douche, shampoings, savons « sans savon » et dentifrices. Fabriqués à base d’huiles minérales et d’acide sulfuriques.
Très agressifs, ils irritent et dessèchent la peau.
INCI : Sodium Laureth Sulfate, Sodium Lauryl Sulfate, Ammonium Lauryl Sulfate, Sodium Lauryl Sulfoacétate
Sulfates végétaux – SCS, SCI
Tensioactifs, émulsifiants.
Fabriqués à partir d’huile de coco ou de palme et de leurs esters d’acides.
Catégorie des tensioactifs « anioniques » aux propriétés détergentes (nettoyantes).
Le SCI est fabriqué par réaction entre l’acide chlorhydrique et le sodium isothionate ; ce dernier étant obtenu de la réaction entre le sodium bisulfite et l’oxyde d’éthylène.
Tout aussi irritants que les Sodium Laureth Sulfates et autres, sauf qu’ils sont issus d’huiles végétales. C’est uniquement pour cette raison qu’ils ont été acceptés pour des cahiers des charges de certifications Bio.
Toxique par inhalation, provoque une sévère irritation des yeux, des voies respiratoires et cutanées.
INCI : Sodium Cocoyl Sulfate, Sodium Cocoyl Isethionate.
Triclosan
Conservateur
Perturbateur endocrinien, cancérigène. Très irritant pour la peau.
Présent dans les dentifrices et produits anti-acné.
Substance nuisible pour l’environnement.
INCI : Triclosan, TCL, Trichlorine, Cloxifenolum, Lexol 300, DP300, Ether de diphényle d’hydroxyle, Aquasept, Irgasan, Gamophen.
Tous ces ingrédients sont fabriqués selon des processus industriels très polluants, à partir de nombreux ingrédients hyper toxiques et dangereux. Les usines sont situées pour la plupart en Asie.
Les industries cosmétiques les achètent en tant que matières premières, et c’est d’ailleurs comme tels qu’ils figurent sur les listes d’ingrédients. Il est donc impossible de les sourcer et d’en connaître les réels impacts sur l’environnement et sur votre corps.
L’appellation « probable cancérigène » de certains ingrédients est malheureusement le signe d’une corrélation reconnue cliniquement entre des cancers et ces produits chimiques.
C’est aussi le symbole d’une certaine lenteur et du manque de volonté des instances scientifiques et politiques à vouloir prouver leur toxicité.
Les études sont mal financées et mettent des décennies à aboutir. Et pendant ce temps ils sont toujours autorisés…
Nos savons à froid ne comportent aucun de ces ingrédients dits « probablement » dangereux ou dangereux.